J’avais envie de me spécialiser sur une région du monde plutôt que de commencer en agence et vendre des destinations que je ne connaissais pas. Je n’avais pas de zone précise en tête. Je suis allée en Birmanie un peu par hasard. Une intervenante à Paris School of Tourism & Communication (ex l’EPH) m’a conseillé de contacter deux anciennes de l’école, l’une en Tanzanie et l’autre au Vietnam. J’ai postulé auprès des deux et l’entreprise du Vietnam m’a redirigé vers leurs bureaux en Birmanie qui avaient besoin de personnel. Trois semaines plus tard, j’avais mon visa et je suis partie.
Je suis restée en Asie deux ans, avant la crise politique qui a pris une ampleur internationale en 2017. A l’époque, il y avait plus de touristes. J’étais spécialiste du Myanmar. Je vendais des produits individuels plutôt haut de gamme (voyages de noces, voyages en famille sur-mesure, quelques séjours de groupe). Pendant cette période, j’ai eu l’occasion de beaucoup voyager. On m’envoyait en inspection et accompagner les groupes. J’ai aussi réalisé quelques projets MICE avec des agences événementielles. J’allais recruter des guides locaux dans les régions où l’on en manquait. J’ai beaucoup appris là-bas mais après 2 ans sur place, j’avais besoin de me rapprocher de ma famille et de retrouver une forme de confort. Il y a de bons côtés à vivre en Asie mais le quotidien est assez épuisant avec des coupures d’électricité courantes et les intoxications alimentaires par exemple.
Je travaille pour une agence réceptive — en B to B avec les agences de voyage et les tours opérateurs francophones — spécialisée dans les pays scandinaves, l’Islande et les pays baltes. Quand une agence de voyage en France reçoit une demande, par exemple un patron d’entreprise qui organise un voyage en Islande avec ses collaborateurs, elle fait appel à nous pour tout planifier sur place.
Pourquoi choisir le tourisme ?
Je voulais travailler dans le service et la vente. Mais pas n’importe quelle vente ! Vendre un voyage, ce n’est pas comme commercialiser une télévision. Ici, on propose de vivre une expérience. C’est aussi un milieu très dynamique avec de multiples activités et possibilités de carrières. Demain, je pourrai très bien travailler sur un bateau ou me rendre dans un pays en développement pour faire du tourisme durable. Au quotidien, on peut être dans un pays impacté par l’aspect économique et politique, notre destination peut ne plus vendre d’une année à l’autre à cause de la devise écroulée ou d’un volcan. Bref, ça change tout le temps et c’est ce qui est challengeant !
Quelles sont les tendances touristiques du moment ?
Cela dépend de la nationalité des voyageurs : pour une même destination, le séjour sera complètement différent s’il est effectué par un groupe de Chinois, Americains ou de Français. En ce qui concerne le marché francophone, la tendance est au partage de moments avec les locaux afin de comprendre leur mode de vie, comme aller pêcher avec eux sous la glace en Islande ou visiter une ferme de produits laitiers.
Ce fut une année extrêmement formatrice. Je n’avais pas suivi le cursus tourisme auparavant. En un an, j’ai pu couvrir les principaux aspects du tourisme, de la production à la vente en passant par la négociation et le marketing. L’acquisition des bases académiques et l’alternance en entreprise ont été un combo parfait pour appliquer la théorie à la pratique. C’est, je pense, grâce à tous ces éléments que j’ai trouvé du travail directement à la sortie de l’école.
L’ouverture d’esprit et la curiosité sont obligatoires. Il ne faut jamais se cantonner à ce que l’on sait mais prendre une carte, demander conseil aux collègues, faire des recherches. C’est en s’ouvrant que l’on apprend le plus et qu’on peut être le plus performant. Il est aussi nécessaire d’être très bien organisé et savoir gérer son stress. Quand on a des clients sur la route, il y a toujours des imprévus à gérer : une grève, une urgence, en avion loupé, une panne… Enfin, l’anglais est obligatoire.
Un conseil pour les étudiants ?
Ne doutez jamais de vos propres capacités. En sortant de l’école, on pense qu’on va commencer au bas de l’échelle. Vous pouvez évoluer très rapidement en montrant votre détermination et en apprenant tout ce que vous pouvez apprendre, même si cela ne concerne pas directement vos missions. Pour vous donner un exemple, quelques temps après mon arrivée à Copenhague, j’ai postulé à un poste spécialisé Islande. Je ne connaissais rien de cette destination… Mais j’étais pleine d’énergie. C’est comme ça que j’ai changé de poste avant même d’avoir fini ma période d’essai.
Sachez qu’il y a beaucoup de turn over dans l’industrie du tourisme. Le travail ne manque pas, surtout à l’étranger. Si vous voulez vous expatrier et que vous êtes assez débrouillard, n’ayez pas peur d’y aller. Beaucoup de pays manquent de francophones pour vendre leurs destinations aux Français.